Lors du Freedom Tour, j'avais réservé un deuxième essai après le Road King Special. Un Fat Boy 114 que je n'avais jusqu'à présent vu qu'en photo. Ce modèle faisait clairement partie des prétendantes pour ma future acquisition alors autant vous dire que j'étais impatient de l'essayer.
Je précise qu'il s'agit d'un Fat Boy 114 ci car il existe aussi en version 107 ci au catalogue, avec la même base moteur mais un poil moins gros/puissant/coupleux (mais à priori plus souple à bas régime). Déjà on peut dire que c'est une belle machine. Les anciens de chez Harley ont tendance à hurler au sacrilège car ce modèle s'éloigne du look du Fat Boy originel, celui de Terminator. Alors certes c'est un peu vrai, m'enfin la forme générale est là et on retrouve bien le lien de parenté tout de même. Et l'appellation Fat Boy est encore plus vraie tant la machine en impose. La grosse fourche et les gros pneus y sont pour quelque chose : 240 mm à l'arrière.... et 160 à l'avant ! On le verra, ces boudins ont une réelle influence sur la conduite.
Pour en finir sur le look, l'aluminium brossé est omniprésent, ça change des chromes classiques ou de la tendance noir mat. Perso j'aime beaucoup ! Les roues pleines s'accordent parfaitement avec le reste, mais attention à l'entretien qui doit être compliqué. Je pense que c'est le genre de machine qu'il faut bichonner régulièrement sous peine de voir l'alu se marquer et être difficile à ravoir.
Je ne vais pas revenir sur le moteur qui est le même que le Road King essayé précédemment (lire l'essai du Road King Special) : c'est coupleux, ça tire sur les bras (gaffe sous la pluie du coup) et ça part dès les plus bas régimes. Je vais surtout parler de la partie cycle donc, et notamment ces énormes pneus. Si à basse vitesse ça reste relativement maniable pour une machine de ce gabarit, on sent bien l'incidence des boudins dans les virages et la moto nécessite tout de même un peu de pratique avant de la maîtriser. La prise en pain dans les virolos n'est pas hyper naturelle car la moto a tendance à se relever très facilement et conduire au contre-braquage prend ici tout son sens. Le truc en fait c'est qu'il faut réellement anticiper chaque virage car corriger la trajectoire lorsqu'on est sur l'angle (ralentissement voire léger freinage sur une entrée un peu trop rapide) verra la moto se relever. Ce phénomène est présent sur toutes les motos, et si vous lisez ça vous le savez sans doute. Mais sur ce Fat, c'est réellement marqué et il ne faut pas grand chose pour partir à l'extérieur d'un virage qui aurait été mal anticipé. Alors évidemment, on s'habitue à tout, mais la marge d'erreur restera moins élevée que sur une machine avec des pneus plus raisonnables.
Le guide du Staff Harley qui nous a emmené pour la balade nous a prévenu : avec le gros couple du moteur et le gros pneu arrière, on évite de mettre gaz en virage, même sur le sec. Ca a beau être une machine de plus de 300 kg et un peu moins de 100 chevaux, ça tracte fort d'autant plus que contrairement au Road King il n'y a pas de Traction Control ici.
Pour le reste, côté suspensions le confort est bon mais la machine semble un poil plus ferme que le Road King. La selle est aussi plus dure, probablement moins confortable sur les longs trajets. Mais tout ça est logique, Le Road King fait partie de la gamme touring taillée pour le voyage, tandis que le Fat Boy fait partie de la gamme Softail, plus apte aux grosses balades qu'aux vrais road trips. Néanmoins ça reste confortable, et partir en week end là dessus me semble tout à fait réalisable sans souffrir. L'embrayage par câble du Fat Boy est nettement plus souple que l'embrayage hydraulique du Road King, et donc moins fatiguant à la longue. Un mot sur le guidon : idéal pour moi. Il donne cette sensation de rouler sur une machine vintage avec les main assez basses et proches du corps. Je l'ai largement préféré au Ape Hanger du Road King et ça me conforte dans l'idée de prendre l'option Beach Bar sur ma prochaine monture que sera très probablement l'Indian Springfield. Après, le choix du guidon dépend vraiment de chacun : préférence esthétique mais aussi morphologie, bref ça s'essaie.
Sinon, mesurant 1m84, je me suis senti plus à l'aise sur le Fat Boy que sur le Road King. J'y avais plus de place et cette nouvelle génération est donc bien accueillante pour les gabarits un peu grands et rien que ce point précis, c'est déterminant pour dire que j'ai préféré le Fat au RK.
Au final le Fat Boy est une super machine, valorisante, attachante, bien finie, pas spécialement raisonnable avec ses gros boudins qui nécessite d'apprendre un peu le mode d'emploi. Je l'ai rayée de ma liste par pur goût perso, ayant de plus en plus un faible pour les valises rigides et le côté bagger comme la Springfield. Aussi, le délai de livraison m'a découragé : début juin le concessionnaire m'annonçait une livraison pas avant janvier. On sait que le Covid n'arrange pas les choses, mais c'est dommage d'avoir si peu de stock en Europe alors que la marque a terriblement besoin de récupérer de nouveaux clients. Mais en tout cas pour ceux qui cherchent un gros cruiser avec du caractère tant visuel que moteur, c'est clairement un bon choix. Ce millésime reste autant intemporel que les précédents !