Le temps de la révision de la 1200 Sport, mon sympathique concess m'a preté une Griso 8V totalisant 3000 km et équipée d'un silencieux QD Exhaust homologué.
Voilà un moment que je voulais essayer ce fameux moteur 8V.
Qu'est que c'est que ce 8V? Tout simplement un moteur à 4 soupapes par cylindre, soit 8 soupapes au total. On retrouve ce moteur sur la Stelvio et sur la 1200 Sport 4V ... oui je sais, 4V... faudrait qu'ils se mettent d'accord avec eux même chez Guzzi.
Ma machine actuelle est équipée du moteur 2V, soit 2 soupapes par cylindre, donc 4 au total. Mais non ce n'est pas un 4V... vive la logique Guzzi !
Bon je sens que je vous ai détraqué le cerveau, on va pouvoir commencer.
Concrêtement le moteur à 2 soupapes par cylindre devrait être mieux rempli en bas que le 4 soupapes par cylindres. Par contre le 4 soupapes devrait avoir plus de patate en haut.
Tour du proprio
Je trouve que cette Guzzi est une belle machine (surtout dans cette livrée blanche métalisée), avec un look à part, hésitant entre le style fashion victim et dragster des villes. Elle apparaît longue et plutôt basse, l'ensemble est harmonieux et plutôt classe.
Comme d'habitude chez Guzzi, c'est propre et bien fini. Les différents plastiques respirent la qualité le faisceaux électrique est parfaitement intégré.
Le tableau de bord est presque complet : il lui manque une jauge à essence et on a droit à la place au petit voyant de réserve. Dommage. A coté de ça on a droit à moults informations telles que la conso moyenne, la vitesse moyenne, la température extérieure, la tension de la batterie etc. Les modes de l'ordinateur de bord défilent grâce à un bouton situé sur le commodo gauche : pas besoin de lâcher le guidon pour trifouiller le compteur.
En selle
Une fois sur la moto, les commandes tombes naturellement sous les mains, le buste est légèrement penché en avant et les jambes repliées juste ce qu'il faut. En bref on se sens à l'aise dès les premiers tours de roue. La selle quant à elle est assez ferme et doit devenir désagréable lors des grosses balades. Malheureusement je n'ai pas pu tester cette partie assez longtemps.
On notera toutefois le détail qui fait mal : l'ergot qui permet de déployer la béquille est situé juste à coté du coude du collecteur. Bonjour les pompes qui fondent dessus lorsque l'on déploie la béquille. C'est parfaitement visible sur la moto de prêt :
Le moteur
Equipée d'un silencieux QD Titane avec la chicane, la moto fait du bruit. Beaucoup de bruit même. Difficile de croire que ce pot est homologué et pourtant le concess me l'a bien confirmé. La seule chose est qu'ils n'ont pas monté le catalyseur livré avec, mais a prioris ça n'influe pas sur le bruit.
Toujours est il qu'a basse vitesse, le bruit en est presque génant tellement il casse le crâne. Le silencieux claque pas mal est n'est pas très mélodieux, il lui manque un petit coté caverneux. Heureusement dès que ça commence à rouler et qu'on commence à se prendre le vent dans la tronche, ça commence à devenir agréable... même très agréable quand on monte dans les tours.
Parlons en de cette montée dans les tours. Notez tout d'abord que la moto affiche le voyant service malgré ses 3000 km, ce qui laisse présager que le révision des 1000 n'a peut etre pas été faite, rendant le moteur un peu plus rugeux que ce qu'il ne devrait être.
Rappelons que cette griso fait environ 110 chevaux, même en version française. Eh oui ils ont réussi à l'homologuer comme ça. Par rapport au moteur 2V, celui de la Griso est un peu moins souple à bas régime et on évitera de rouler en dessous de 3000 tours. Le moulin tracte gentillement entre 3000 et 5000 et c'est à ces régime que l'on roulera en mode pépère. Vient ensuite la deuxième partie du compte tour : à partir de 5000 on se cramponne jusqu'à la zone rouge à 8000 tours, le tout dans un bruit envoutant. Clairement tout le long de mon essai j'avais du mal à passer la 6eme, preférant rester au delà de 4500 tours, même sans attaquer réellement. Il faut dire que les routes empruntées étaient plutôt sinueuses.
C'est bien là la différence avec la 1200 sport. Sur cette dernière, on se plaît à attaquer en restant entre 4000 et 6500. Inutile d'aller plus haut, le moteur pénant et forçant de manière très désagréable pour aller chercher le rupteur à 8400 tr/mn (il aurait été plus judicieux de mettre le rupteur à 7000).
Bref, la Griso possède un moteur plutôt pousse au crime qui s'exprime plus dans la deuxième moitié du compte tour. Seulement est ce vraiment l'esprit Guzzi? Chacun son idée là dessus !
Partie cycle
La partie cycle est digne d'une moto à caractère sportif (m'enfin je ne parle pas d'hypersport non plus hein !), bizarrement plus que sur la 1200 Sport à mon goût. La suspension est plutôt ferme, incitant à attaquer lorsque le bitume est bien lisse, au détriment du confort sur longue distance. La mise sur l'angle est facile et on sent que la moto est un rail. Le freinage quant à lui est très mordant et dosable, me rappelant mon ex RSV 1000.
Pour finir...
Pour finir, on peut dire que la Griso est une excellente machine, disposant d'un moteur rugueux à souhait et plutôt rageur. Son look me laissait présager un roadster tranquille, mais il n'en est rien. J'ai trouvé cette moto plutôt fun en fait et idéale pour aller jouer dans les virolos. Le seul soucis c'est qu'on a tendance à rouler facilement un peu vite... et malheureusement ce n'est pas pour ça que j'ai choisit Guzzi, au contraire.
L'idéal serait que Guzzi garde le moteur à deux soupapes et son gros couple à bas régime, en parallèle de celui à quatre soupapes et sa puissance en haut afin de satisfaire tout le monde. Personnellement, je garde ma 1200 Sport et je profite de son moteur qui tracte en bas!