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C'est l'heure de la révision des 40.000 km sur la Guzzi et histoire de pouvoir rentrer chez moi mon sympathique concessionnaire m'a prêté un truc un peu bizarre : une Honda 800 Crossrunner. Cette moto est équipée du moteur bien connu de l'ex 800 VFR, ici un poil retouché. On l'aura remarqué, la machine a une esthétique... particulière. Inutile de débattre longuement sur le truc, chacun ayant ses préférences, mais il est clair que la bestiole sort des sentiers battus en terme de design.

Honda Crossrunner vue arrière droit

Tour du propriétaire

Notons tout d'abord que cette machine, qui fait partie du parc d'occasion de mon concess, est équipée d'une bulle haute adaptable. On verra plus tard que cette bulle, en plus de ne pas arranger l'esthétique, m'a littéralement pourri mon trajet.

Comme dit plus haut, je laisse à chacun le choix d'apprécier ou non le design qui dans tous les cas a le mérite de faire tourner quelques têtes. En tout cas Honda a pris un sacré risque avec cette moto hors norme.

Honda Crossrunner vue de droite

S'il n'est pas ultra complet, le tableau de bord donne les informations principales : horloge, trips, jauge de carburant, température moteur... La température extérieure aurait été un plus. Le gros défaut de ce tableau de bord reste tout de même son manque de lisibilité. Le coté entièrement numérique d'une part ne plait pas forcément à tout le monde (dont moi, je l'avoue), mais si en plus il n'est pas facile à lire ça devient un comble alors qu'il est pourtant facile de faire un écran digne de ce nom, avec de gros segments. Les gouttes de pluie qui se déposaient dessus lors de mon essai n'ont pas arrangé les choses avec un compte tour particulièrement difficile à lire. 

Honda Crossrunner ordinateur de bord

Coté finition le niveau est assez moyen, en particulier au niveau de la vue sur le tableau de bord. La partie interne du carénage de la tête de fourche est en effet assez disgracieuse à mon goût alors qu'on a le nez dessus au quotidien. En effet, il y a un gros vide entre le compteur et le guidon, laissant apparaître des entrailles qui auraient mérité d'être mieux soignées. De la même manière, le carénage qui vient se poser sur le réservoir n'est pas très joli au niveau de la jonction, faisant presque penser à de l'adaptable bon marché. Peut être qu'avec la Guzzi mon niveau d'exigence en terme de finition a grimpé d'un niveau, mais ça m'a suffisamment interloqué pour que j'éprouve le besoin d'en parler ici.

Honda Crossrunner vue pilote

Honda Crossrunner poste de pilotage

En selle

Une fois sur la moto, le contraste avec la Guzzi est frappant : j'ai l'impression d'avoir un tout petit guidon entre les mains et ça va nécessiter un temps d'adaptation. Alors il faut dire que j'ai l'habitude du Guidon de la Guzz qui lui est particulièrement large. Pour le reste, les commandes tombent naturellement sous les mains, et la moto se fait légère en la relevant de la béquille. Le buste est très droit et les jambes légèrement repliées juste ce qu'il faut. Au final, on se sent rapidement à l'aise, mais je ne suis pas particulièrement adepte de cette position, préférant un léger appui sur l'avant.

Honda Crossrunner vue arrière gauche

Le moteur

Au démarrage, le moteur est discret, voire feutré. On reconnaît toutefois sans problème la signature sonore du V4. Ce qui m'a surpris par rapport à la Guzz, c'est le manque de vibrations... et quand je parle de vibrations, je parle de Good Vibes bien sûr, celles qui font que je prends mon pied sur ma moto. Clairement avant même d'avoir commencé à rouler, je me souviens pourquoi j'aime tant la Guzz, celle qui me donne la vraie sensation d'avoir un moteur entre les pattes. Je vais essayer de rester objectif pour la suite tout de même !

Honda Crossrunner moteur

Les premiers tours de roue se font sans problème et la chaussée humide ne m'empêche pas de prendre la moto en main sereinement. Cette pluie m'empêche par contre de voir ce que donne le moteur,  je me limite donc à la première moitié du compte tour... et je dois dire que c'est vraiment mou. Ce constat est flagrant en 5e et en 6e où l'on sens clairement un manque de puissance en dessous de 7000 tours. Autant vous dire que si vous souhaitez doubler sereinement avec une bonne réserve de puissance, il faudra passer la 4. Heureusement, le moteur est très souple et reprend à 2500 tr/mn sans problème, ce qui permet de rouler sereinement sans devoir changer de rapport sans arrêt.

Sur le chemin de retour, la route est sèche et je vais enfin pouvoir exploiter tout le compte tour... ouf à partir de 7000 c'est un tout autre visage qu'on a là et la cavalerie débarque dans un bruit sympathique. Ce moteur de 102 chevaux tire bien sur les bras, suffisamment pour ne pas s'ennuyer avec... par contre le fait qu'il soit si creux avant 7000 tours est un vrai problème à mon sens, surtout sur ce type de machine à vocation routière... dommage.

En revanche un gros plus pour la boîte de vitesses : précise, douce, avec un débattement assez faible et juste ce qu'il faut comme sensation au niveau du sélecteur. J'avais un peu l'impression d'avoir un bouton poussoir au bout du pied, un régal.

Honda Crossrunner silencieux

Partie cycle

Pas de reproche à faire sur la partie cycle, pas grand chose à en dire en fait ! L'impression des premiers tours de roue se confirme : la moto est facile à prendre en main et à basculer d'un virage à l'autre. Je n'ai pas eu l'occasion d'attaquer réellement mais je pense qu'on peut enchaîner les virolos en se faisant plaisir à des vitesses raisonnables, la position n'incitant pas à la chasse aux chronos mais permettant de prendre de l'angle sereinement. 

Coté freinage, la bestiole est équipée de l'ABS. Les freins avant et arrière sont mordants juste comme il faut et il est très plaisant de les utiliser en simultané pour asseoir la moto par temps humide.

Honda Crossrunner freins

Je reviens sur la bulle adaptable dont j'ai parlé tout à l'heure. Celle-ci génère de petit remous d'air au niveau du casque qui se traduisent par des bruits parasites particulièrement désagréables, à tel point que je n'ai pas du tout apprécier rouler au delà de 85 km/h et je pense qu'au bout d'un certains temps ça peut carrément faire mal au crâne... attention donc avec ce type d'accessoire.

Enfin, coté confort, comme je le disais, je ne suis pas adepte du buste droit. Après une heure j'ai commencé à sentir un légère douleur dans le bas du dos, et pourtant je ne suis pas douillet à ce niveau. Peut être est-ce dû au fait que je n'ai pas l'habitude de ce type de position, à confirmer. La selle est quant à elle plutôt confortable, mais la Guzzi fait quand même mieux à ce niveau car un peu moins ferme.

Honda Crossrunner selle

Pour finir...

Pour être honnête, ce n'est pas le style de moto que j'achèterais. Outre le fait qu'il manque ce coté brut propre à Guzzi ou autres marques dans le style (ce qui est uniquement une question de goût), le fait que le moteur soit si creux à bas régime est pour moi un gros défaut, car j'insiste là dessus, je l'ai vraiment trouvé très creux. Si je voulais acheter un hybride dans le genre, j'irais voir du coté de la TDM 900 pour comparer. Bref le mieux, c'est de tester la moto pour se rendre compte des prestations, de préférence sur un trajet mixte et au moins une soixantaine de km.

Honda Crossrunner vue de face

 

Honda Crossrunner vue arriere

 

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