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Je n'ai jamais réussi à savoir si esthétiquement j'aime cette Road Glide ou pas. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours eu très envie de voir ce que ça donne face à une Street Glide. Roulant en Indian Chieftain depuis quelques mois maintenant, je vais aussi essayer d'être objectif sur mes points de comparaison et tentant de ne pas prêcher pour ma paroisse, et aussi car désormais j'ai un vrai point de repère dans le monde du touring américain.

J'ai pu essayer cette Road Glide à l'occasion du Freedom Tour Harley qui passait à Rennes. Au passage, le Freedom tour devient quelque peu décevant au fil des années, car auparavant, on se faisait des essais d'une bonne heure alors que maintenant on est plus sur une quarantaine de minutes avec une pause de 10 minutes au milieu. Harley, si vous me lisez, pensez à remettre une petite touche de passion dans cet événement, c'est vraiment ce qui faisait le charme de l'Experience Tour !

Harley Road Glide Special 2021

Tour du propriétaire

Revenons à cette Road Glide, le seul point qui différencie cette moto d'une Street Glide, c'est son carénage avant, connu aussi sous le nom de Sharknose (nez de requin) par opposition au Batwing (aile de chauve souris) de la Street Glide. La partie avant de la Road Glide est fixée sur le châssis et elle ne bouge pas quand on tourne le guidon, tandis que sur la Street Glide, elle est fixée sur le guidon. Sur le papier, la direction de la Road Glide devrait donc être nettement plus légère avec tout ce poids en moins, mais au final on verra que ça ne change pas grand chose. Pour le reste, c'est plutôt bien fini comme toute Harley qui se respecte, mais tout de même un poil en dessous de l'Indian, je parle en particulier du "bordel" qui est présent sur tous les touring Harley de la gamme actuelle, derrière le cylindre arrière (voir photo ci-dessous). Certains diront que je suis pointilleux, mais sur l'Indian, j'ai pas ce genre de truc, y'a rien qui dépasse. Concernant l'esthétique général, c'est plus brut que sur l'Indian, mais pas dans le mauvais sens du terme. Sur l'Indian on sent que tous les petits bouts de carénage, caches, pare-chaleurs... ont été pensés pour s'intégrer les uns avec les autres pour donner de la fluidité générale à la ligne. Sur l'Harley, c'est plus brut, on ne cherche pas à combler les trous. C'est donc différent et ça reflète au final plutôt pas mal la personnalité de la moto. Moi j'aime bien, mais tout de même je préfère l'esthétique plus léchée de l'Indian. Question de goût !

Finition Harley Road Glide Special 2021

Une fois monté sur la moto, ce carénage est impressionnant : l'instrumentation parait loin, tout le carénage paraît loin sur l'avant, et c'est également large. Clairement ça incite au voyage. Une Street Glide ou une Chieftain sont déjà des machines imposantes, mais l'impression est encore supérieure avec cette Road Glide. La bulle d'origine me semble relativement basse et du coup le champ de vision est bien dégagé.

Moteur Harley 114 ci

Maintenant que j'ai quelques milliers de kilomètres avec la Chieftain, j'ai un vrai point de repère, fini les petits essais de Touring de 30 minutes et cette fois, contrairement à mes essais précédents, j'ai pu déceler des différences importantes. Je vous parle tout de suite du moteur qui a toujours un coté rugueux très plaisant et différent de la Chieftain beaucoup plus veloutée. Je remarque rapidement un point négatif : la Road Glide me donne clairement l'impression d'être bridée face à l'Indian quand on lui demande un peu de puissance. Le moteur Indian est nettement plus réactif quand on tourne la poignée. J'ai souvent lu et entendu que le Stage 1 est quasi obligatoire pour qu'une Harley moderne s'exprime correctement, alors qu'une Indian stock se suffit à elle même. Eh bien j'avoue que c'est exactement la sensation que j'ai eu. Alors sur le papier, le moteur Indian est de toute façon plus coupleux (171 Nm contre 158 Nm) et un poil plus puissant, mais la Harley donne néanmoins la sensation d'être très castrée pour répondre aux normes. C'est d'autant plus vrai que l'Indian dispose de 3 modes de cartographie, et en mode Sport la poignée des gaz est très réactive et donne l'impression d'une puissance disponible immédiatement. Néanmoins le moteur Harley reste un monument, je l'apprécie pour son gros couple à très bas régime, il est même peut être un poil plus souple que l'Indian à très très bas régime, vers 1200 tr/mn. Le 114 ci Harley a aussi ce côté rugueux comme je l'ai déjà dit, il est vibrant au ralenti et à bas régime, un peu plus vivant que l'Indian. A ce niveau, les deux machines ont un comportement différent et c'est surtout une histoire de goût.

On retrouve le coté rugueux aussi sur la boîte de la road Glide qui est plus virile que celle de la Chieftain, plus douce. Mais sur les deux machines, il faut prendre le temps de bien décomposer et ça passe nickel. J'ai retrouvé néanmoins le petit défaut que j'avais déjà vu sur d'autres modèles Harley : la recherche du point mort peut parfois prendre du temps !

On notera également le bruit des échappements : quelconque sur Harley, beaucoup plus travaillé sur l'Indian où le bruit en charge et au ralenti est un régal. Encore un autre point qui justifie un Stage 1 sur une Harley, alors que pas besoin sur une Indian. Là vous vous dites que de toute façon je suis pas objectif car j'ai choisi la Chieftain comme monture, que l'amour rend aveugle et tout ça, mais croyez moi, j'essaie vraiment d'être le plus objectif possible et j'aime vraiment ce que fait Harley !

Bon au final, la Road Glide et ce moteur M8 114 ci, ça reste le genre de machine idéale pour cruiser pépère ou enchaîner les virolos sur le gras du moteur et c'est bien ça qui compte !

Châssis, confort Road Glide

Difficile de se faire une idée du châssis et du confort sur un petit essai donc je ne vais pas m'éterniser. Les suspensions m'ont semblé plus fermes sur la Harley que sur l'Indian, ce qui fait que les petits défauts de la route se ressentent plus à bord de la Road Glide. La selle de la Harley est plus enveloppante pour mon fessier et le bas du dos. Est-ce que sur un gros trip, l'une est plus confortable que l'autre ? Difficile à dire, mais je pense tout de même que les suspensions Indian sont un poil au dessus en terme de confort. Cependant je ne doute pas qu'on puisse partir loin avec la Harley et arriver à peu près frais le soir donc c'est du tout bon. Autre point important, j'ai retrouvé la même sensation que lors de l'essai du Road King Special : je suis un peu plus à l'étroit sur la Harley que sur l'Indian, ce qui confirme que les Indian sont plus adaptées aux grand gabarits. Rien de bien gênant toutefois, je n'étais pas mal à l'aise mais parfois en terme d'ergonomie et la morphologie de chacun, il suffit de pas grand chose pour être plus à l'aise sur une machine que sur une autre. Rien ne vaut un essai pour se faire une idée.

Sharknose Harley Road Glide Special 2021

Concernant la protection offerte par le carénage, celle-ci est tout à fait correcte, mais je prend plus d'air dans mon casque que sur l'Indian car comme je l'ai dit au début, la bulle semble loin devant et assez basse. Avantage de la Road Glide sur l'Indian : aucune turbulence désagréable, juste un filet d'air alors que ma Chieftain a tendance à générer quelques turbulences qui restent raisonnables, mais qui sont néanmoins présentes. En revanche, avantage non négligeable de l'Indian, c'est que la bulle est réglable en hauteur, et ça c'est un vrai plus sous la pluie ou sur voie rapide.

Enfin pour la différence entre ce carénage fixé sur le châssis et celui de la Street Glide (ou de la Chieftain), je n'ai pas noté spécialement de différence à la conduite. Je m'attendais à avoir une direction plus légère mais vu le poids global de l'engin, ça ne change pas grand chose.

Equipement

J'ai apprécié le freinage couplé de la Harley, c'est un petit plus que je pourrais apprécier sur ma Chieftain. La Road Glide a aussi un système d'aide au démarrage en côte : on bloque le frein et la moto le débloque progressivement quand on repart. Ca peut paraitre inutile sur une moto, mais croyez moi quand on frôle les 400 kg ça peut avoir son intérêt dans certaines situations, qu'il s'agisse d'un arrêt en pente ou en côte. La road Glide dispose également d'un traction control avec un mode pluie qu'on active manuellement. Ce système n'est pas hyper évolué, mais permet de contenir le couple lors de la remise des gaz quand la route est mouillée. L'Indian n'a pas ça, mais c'est compensé par ses 3 cartographies, la première des trois bridant assez significativement la réponse de la poignée de gaz si jamais on doit rouler sur des oeufs.

Instrumentation Harley Road Glide Special 2021

Je n'ai pas testé le système d'infotainment. Mais ce que je peux vous dire, c'est que la partie GPS de l'Indian est merdique et j'attends avec impatience le support d'Android Auto. Je pense qu'Harley fait mieux de ce côté, et c'est un vrai point positif sur une machine de ce type. Côté sono, la qualité me semble à équivalente sur les deux machines, c'est à dire pas exceptionnelle, mais utilisable pour écouter un peu de musique en roulant. 

Bilan Road Glide Special

Je dois avouer que cet essai m'a conforté dans mon choix de l'Indian, en particulier au niveau du moteur qui en version stock m'a paru plus expressif. Pour le reste, c'est clairement une histoire de goûts. Visuellement l'Indian fait plus typée "moto haut de gamme" tandis que la Harley est plus typée "badass". Que ce soit esthétique ou comportement, les deux motos ont des nuances différentes, mais ciblent les mêmes besoins et elle le font me semble t'il très bien. Je sais, je n'ai pas encore rédigé l'essai de la Chieftain, mais c'est pour bientôt, j'attendais vraiment d'avoir fait des bornes avec avant de rédiger l'essai!

Roue avant Harley Road Glide Special 2021

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