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Mon essai exclusif de la nouvelle Ducati en version standard (sans Ohlins et DTC) en version full car la moto est immatriculée en Suisse. Ducati Streetfighter - l’essai de la “Street”, tout court !

L’essai de la Ducati Streetfighter pourrait commencer avec un long monologue intérieur comme dans les meilleurs épisodes de Magnum PI, la chemise hawaïenne et la grosse moustache en moins.

”On m’avait prévenu que la bestiole était méchante, certes d’aucuns la décriaient pour son esthétique un peu trop manga au goût du ducatiste original et poilu du dessous de bras. Lors du dernier salon de Milan elle était pourtant l’objet de toute l’attention du public, pas très compliqué en découvrant sur fond de morosité financière des nouveautés qui n’en étaient pas. Pis chez Ducati il faut avouer qu’il avaient mis le paquet au niveau de la présence féminine. Mais quand même, c’est pas tous les jours que la marque bolognaise nous sort une nouvelle famille de moto. La dernière fois on avait eu droit au néo-rétro et au gros supermotard. Sûr que le titre en MotoGP a dû leur mettre de la motivation….”

Ducati Streetfighter vue de gauche

C’est la fête au village !

Mon premier contact avec cette Streetfighter, 8 mois plus tard après l’avoir vue sur les podiums, s’effectue par une journée pluvieuse et froide pour un mois de juin. Je commence déjà à regretter de ne bénéficier que de la version de “base”, pas pour les suspensions Ohlins surtout utiles pour chasser le chrono, pas pour le carbone surtout utile pour flatter l’égo à la terrasse des cafés, mais surtout à cause de l’absence du DTC ( Ducati Traction Control ). Quasi 12 mkg de couple, 155 ch et des conditions gras-mouillé ne font rien pour me rassurer. Le mélange paraît un peu foireux, mais je me rassure en me disant que c’est moi qui tourne la poignée et qu’après tout les constructeurs ont bien travaillé les dix dernières années afin que les motos soient plus exploitables. Ceci dit dans la presse seule la “S” avec assistance électronique a été testée, alors dans ces conditions va savoir si ça sera du lard ou du cochon, ou plutôt Holliday on Ice ou final à la Jackass avec pizzas et morceaux de moto partout.

Ducati Streetfighter vue avant droit

Cette moto là…elle est terrible.

L’assise de la Streetfighter est assez haute, avec 1m75 je touche l’avant des pieds à plats mais pas plus, en contre-partie la selle est assez moelleuse. Contact ! un petit coup de pouce sur le bouton de démarreur et le moteur se met en marche dans un rugissement monstrueux, le décor est planté. Les nouveaux commodos sont compacts, peût-être un peu trop avec les gants et l’absence du cran sur la commande de cligno m’obligera à contrôler systématiquement au tableau de bord si ceux-ci sont enclenchés. Le levier d’embrayage est méga-dur, c’est bon c’est une vraie Ducati (sic). Première engagée et départ, le moteur est très souple, la boîte de vitesse irréprochable malgré les même pas 1000 km de la moto.

Afin de m’éloigner de la ville je rejoints l’autoroute, dans les bouchons citadins mon poignet gauche commence à souffrir mais ceci s’estompera. Une Ducat’ c’est dur de l’embrayage et point, pas besoin d’en dire plus si ce n’est qu’il faut bien faire passer le mètres-kilos à bas régime. Je m’engage sur l’autoroute, première ouverture de gaz franche et là c’est la révélation ! ce moteur est un monument. Le bruit est magique, la progressivité dans la montée en régime parfaite et il vibre juste ce qu’il faut. La partie-cycle est géniale, neutre et facile, stable et rigoureuse. Heureusement parce que les freins sont aussi puissants que le moteur et la bonne stabilité du châssis permet d’en exploiter tout le potentiel.

 

Tango, Java, Rock’n'Roll, Heavy Metal. La Street connais toutes les partitions. 

Ce qui est extraordinaire avec la Ducati Streetfighter c’est qu’on peût rouler avec de toutes les manières suivant l’humeur. Si vous venez d’écouter un morceau de Metallica, vous pouvez lui faire fumer le pneus sur le même rythme, pas de souci, la garde au sol est monstrueuse (c’est pour ça qu’elle est haute). Si dans votre tête c’est plutôt les bribes d’un rock à la Stray Cats qui défilent, aucun problème la combattante des rues vous laisse rouler sport à la papy, sans déhancher et en enroulant comme sur une bonne vieille Norton…c’est rapide mais pas brusque. Et lorsqu’en bonne compagnie c’est l’instant de se faire un tango, le Desmoquatro à poil s’y colle aussi grâce à une selle passager mieux revêtue qu’une 1198 et des remontées de châleur contenues hors milieu urbain. Et lorsque vous voulez consommer la rupture, il suffit de visser la poignée pour débarquer l’indésirable, si votre partenaire est sportive et attachée, au pire elle vous bénira pour la séance de fitness gratuite grâce au freinage rafermissant des bras et des abdos, aux légères vibrations desmodromiques anti-capiton. Tout au plus il ne faut pas que la demoiselle soit trop grande (+ de 170 cm) sans quoi elle aura quelques crampes aux jambes car, souche sportive oblige, les cales-pieds passager sont relativement hauts.

 

Miroir, miroir, dis-moi si je suis la plus belle (et la plus parfaite)

Alors, parfait le dernier monstre de Bologne ? Ce qui est sûr c’est que les déclinaisons roadster des sportives, à l’image des MV Agusta Brutale, Triumph Speed Triple et Aprilia Tuono qui avaient ouvert la brèche deviennent de plus en plus efficaces. Il reste que la protection n’atteindra jamais l’efficacité d’une sportive, de même que la précision de cap et la vitesse de pointe. La sportive reste et restera pour toujours l’essence même de la perfection moto en termes de performance. Cependant si il y a une moto qui pousse le bouchon très loin en matière de recoupement d’utilisation avec les machines équipées de bracelets, c’est bien cette nouvelle Ducati. Au point que la marque de Borgo Panigale a même poussé le vice à appliquer un dièdre contre le bas au guidon, une ergonomie sportive que même la Brutale n’osait pas. Au total on se retrouve plus redressé, mais coudes collés au corps comme sur une hyper-sport. Inutile d’essayer de lutter, ce serait un peu comme essayer de piloter une machine à bracelets les coudes sortis, c’est illusoire. La Streetfighter est donc une hyper-sport sans carénage, facile de comprendre que Ducati ne veuille pas proposer une tête de fourche pour sa dernière née, avec sa géométrie elle serait sûrement très (trop) performante par rapport au superbike de la marque. 

Ducati Streetfighter vue arrière droit

Essai rédigé par Helstons Suisse

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